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Logements collectifs bois : 2000 – 2017 retour et comparaison de 3 opérations bois

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Le CNDB est depuis 30 ans à l’écoute des architectes et maîtres d’ouvrage, qui sont ses interlocuteurs privilégiés. Et s’il est une demande qui est récurrente pour ces acteurs, c’est bien de pouvoir disposer d’exemples de réalisations semblables au projet du moment, pour s’inspirer, se rassurer, rassurer les partenaires, comprendre les techniques, connaître les coûts….etc.

En 2003, le CNDB réalisait son premier retour d’expériences, intitulé alors « Construire avec le bois », téléchargeable ici. Ce numéro portait sur le logement collectif bois. On y retrouvait entre autres 2 opérations. Tout d’abord, un immeuble de logements collectifs à Seyssins, R+2 de 21 logements, dont le maître d’ouvrage est l’OPALE dans l’Isère, à proximité de Grenoble, devenu aujourd’hui AKTIS. Puis un immeuble R+2 de 20 logements à St Dié dans les Vosges, dont le maître d’ouvrage est le Toit Vosgien.

Aujourd’hui, en attendant la sortie imminente du prochain numéro « Retour d’expériences – Logement collectif bois – Edition 2020 », nous vous proposons de comparer ces deux réalisations de près de 20 ans, avec Le Coquelicot, une réalisation bois très récente présentée dans le futur livrable 2020.

Ces deux premières réalisations d’une vingtaine d’années ayant un programme est très proche de celui du Coquelicot, nous avons fait un exercice de comparaison de ces 3 réalisations, à 17 ans d’écart.


Trois choix d’organisation

Pour Seyssins, la contrainte du site est très forte ; la parcelle est au pied du Vercors, et l’ouvrage est construit sur des ruines ; la forme linéaire de l’ouvrage est donc étroitement liée à la topographie du site. La déclivité est utilisée pour accueillir des garages le long de la route, repoussant les habitats contre la montagne. Deux noyaux permettent l’accès aux logements.

On retrouve cette contrainte de site à St Dié, avec une parcelle également linéaire, mais disposant d’une orientation favorable, et dégagée au niveau des vues. Un niveau de sous-sol exploite la pente et accueille des garages.

A Valdahon, la parcelle serait trop limitée pour une construction linéaire. C’est le choix d’une configuration fermée autour d’un patio qui a été adoptée. Des coursives intérieures permettent l’accès aux logements, et des parkings-garages  sont disponibles en sous-sol et à l’air libre.

cndb logements collectifs bois 

Des choix structurels différents

La construction ossature bois (COB) a été utilisée pour Seyssins et Le Coquelicot.

Pour la première, 2 noyaux d’accès en béton assurent le contreventement du bâtiment (qui se situe en zone sismique) tandis que sur le Coquelicot, le système de construction bois assure le contreventement.

A St Dié, la structure principale est un poteau-poutre en lamellé collé, fermé par des murs ossature bois (MOB). Ce choix structurel est celui du maître d’ouvrage qui souhaitait tester cette formule. Trois cages béton participent au contreventement.

cndb logements collectifs bois

Les performances des parois

Les réalisations de Seyssins et St Dié n’ont pas été soumises à la RT2000, qui s’appliquait à partir des PC posés après le 2 juin 2001. Elles devaient répondre au texte de 1988 qui établissait les références des coefficients GV, BV et C.

Avec un GV-12 pour Seyssins, et un GV-43 pour St Dié, ces 2 opérations avaient devancé la RT2000.

L’enveloppe de Seyssins est composée d’un mur ossature bois constitué de montants 45x120mm, garnis d’une laine de verre de 120mm.

A St Dié, le maître d’ouvrage,  le Toit Vosgien, choisi d’investir dans une enveloppe plus performante pour diminuer les coûts de chauffage de ses locataires ; ce qui se traduit avec un mur ossature bois plus épais, 45*145, complété d’une contre isolation intérieur en laine de verre de 40mm.

La performance augmente encore sur le Coquelicot avec une ossature de 45*160, garnie de 160mm de laine de verre, complétée par une contre isolation intérieure de 45mm.

Soit respectivement pour les 3 opérations, des épaisseurs d’isolant de 120mm, 190mm et 205mm.

cndb logements collectifs bois

Quel plancher entre logements ?

A Seyssins et sur le Coquelicot, le plancher est constitué d’un solivage, d’un panneau de contreventement, d’un résilient et d’une chape.

La configuration est identique sur le Coquelicot, mais avec  un ravoirage qui permet le passage des réseaux, sécurisant ainsi l’isolement acoustique.

Dans les 2 cas, un plafond composé de 2 plaques de plâtre complète l’isolement acoustique, et assure le niveau coupe-feu.

Le plancher de St Dié est composé d’une structure lamellé collée, connectée à une dalle béton, complété par une chape sur un résilient. Les mesures acoustiques sont excellentes mais la réalisation de 2 coulages dans une construction sèche pose des problèmes de temps de séchage.

Cette solution avait rassuré M.Charrier, responsable technique du Toit Vosgien : « …il y a une phobie du maître d’ouvrage concernant les dégâts des eaux ; avec la chape béton, on peut avoir 5 cm d’eau avec seulement quelques gouttes qui passent en dessous ; en sec, on aurait des dégâts importants ». Des réflexions toujours dans l’actualité….

Gil Ceret, architecte de Seyssin  déplorait que « …Qualitel n’a pas à ce jour de solution référente, et qu’il n’est donc pas possible de valider une conception avant chantier ». C’est chose faite depuis les travaux Acoubois du plan Bois II, et les solutions possibles sont disponibles et caractérisées sur https://catalogue-bois-construction.fr/

cndb logements collectifs bois

 

L’organisation des lots de construction

L’entreprise SDCC sur  Seyssins, avait uniquement à son lot la charpente. A l’inverse, sur le Coquelicot,  l’ensemble clos couvert revient à l’entreprise de charpente, la structure intégrant l’isolant, l’étanchéité à l’air, la vêture, les menuiseries extérieures.

Les coûts de construction

Les coûts de construction s’établissaient à 777€ par m²SHAB pour Seyssins, et 1033€ par m²SHAB pour St Dié.

Le coût plus élevé sur St Dié s’explique par un ratio SHAB/SHON défavorable, un système constructif mixte poteaux poutre + ossature qui s’avère  plus onéreux qu’une construction totalement en ossature, pour cette taille de bâtiment. Et enfin des prestations et des performances  supérieures.

Le coût 2019 du Coquelicot s’établit à 1699 € par m²SHAB, pour des performances meilleures mais sans doute proches de St Dié.

Pourquoi le choix du bois ?

Il s’est fait de manière objective sur Seyssins, avec la nécessité de construire sur des ruines, et donc avec un bâtiment le plus léger possible : le bois était la solution.

Sur Saint Dié, le bois a été choisi pour obtenir d’excellentes performances énergétiques, et pour répondre aux engagements du développement durable, exprimés dans la loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie en 1996.

Elle prévoit l’utilisation d’une quantité minimale de bois, et définit 3 classes pour mesurer les quantités de bois utilisées dans un ouvrage. L’arrêté du 19 décembre 2012 relatif au contenu et aux conditions d’attribution du label « batiments biosourcés », reprend cette approche avec des différences. L’unité choisie n’est plus le dm3 mais le kg, et les quantités s’expriment désormais en SDP (surface de plancher).

En savoir plus sur le site du CNDB

Des acteurs résolument engagés….

L’OPALE avait réalisé à Seyssins sa première réalisation bois. Pour aller plus loin, il sollicite le CNDB pour former ses services à la construction bois. En 2002, il devient ACTIS, et continue à développer des opérations bois sur la région de Grenoble, acquérant ainsi une forte culture bois.

En février 2020, il inaugure le démarrage de chantier du « Haut bois », immeuble de logements bois en R+8. Voir l’article sur le site du CNDB. 

Le Toit Vosgien s’est engagé dans le développement de la construction bois sous l’enthousiasme de son directeur de l’époque, JM Gremmel. Chaque réalisation du Toit Vosgien pousse plus loin l’innovation ; il réalise ainsi le premier immeuble de logement bois-paille de 5 niveaux à St Dié.

En conclusion…

Au regard de ces 3 opérations, pas de grande innovation en 20 ans, mais plutôt un cadrage des techniques de construction bois, notamment avec un DTU revu en 2019, et couvrant désormais  la construction bois multiniveaux.

Les performances (notamment acoustiques)  sont reconnues par les certificateurs et ne sont donc plus un frein ; par ailleurs, les solutions constructives bois traditionnelles (au sens de l’assurance) sont mises à disposition de tous et caractérisées sur le site https://catalogue-bois-construction.fr/

Les exigences de performances toujours plus élevées amènent les concepteurs à  constituer des lots clos couverts, au détriment de la seule charpente ; et parallèlement,  la préfabrication devient incontournable pour assurer la qualité des ouvrages.

On constate une tendance à « sortir » les accès aux logements de la surface intérieure, au profit d’accès par des coursives. Cela permet de limiter les couts des surfaces « non vendues », et de réaliser des ouvrages indépendants, qui suppriment tous les ponts thermiques.

En attendant l’édition 2020, redécouvrez l’édition 2013 « Retour d’expériences – Logements collectifs bois « .

Retrouvez tous les retours d’expérience du CNDB depuis 2003 sur www.cndb.org  dans la boîte à outils /publications thématiques.

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